‘La France n’était pas la seule, jeudi, à connaître des grèves. En Norvège, le principal syndicat policier du pays appelait ses adhérents à observer un arrêt de travail entre 10 heures et 11 h 30 pour protester contre un projet gouvernemental. Le Politiets Fellesforbund, qui compte 12 000 membres, regroupe la quasi-totalité des policiers du royaume. Autant dire qu’on craignait le pire. Les délinquants disposaient d’une fenêtre de tir d’une heure et demie : pas assez sans doute pour creuser des tunnels et accéder aux coffres-forts des banques, mais suffisant pour faire beaucoup de mal.
J’écris ces lignes en tremblant un peu. Il est exactement 9 h 06 à Paris, comme à Oslo. Que se passera-t-il dans une soixantaine de minutes ? En tombant le képi, les policiers norvégiens nous donnent froid dans le dos. C’est dur pour eux également : il ne doit pas être facile d’assister, les bras croisés, à des flagrants délits.
Mais le malaise est général en Europe, dans toutes les couches de la société. Les délinquants doivent être en colère contre la crise et inquiets pour leur pouvoir d’achat. Tôt ou tard, ils feront grève, eux aussi. Peut-être une heure et demie.’