Friday, 22 de November de 2024 ISSN 1519-7670 - Ano 24 - nº 1315

Robert Solé

‘Drame parlementaire en un acte, jeudi 14 octobre, au Palais du Luxembourg : confondant les couleurs des bulletins de vote, le sénateur centriste de Mayotte, Adrien Giraud, s’est prononcé contre l’article 4 du projet de réforme des retraites. Et, comme il avait reçu délégation de l’ensemble de son groupe, le texte a été rejeté.

Comment qualifier ce geste stupéfiant ? ‘C’est une erreur matérielle due à la fatigue’, explique-t-on. Mais un incident analogue ayant eu lieu en 2009 dans le même groupe parlementaire à propos du vote sur le découpage électoral, les centristes commencent à passer pour daltoniens. Ce ne sont pas les Verts qui se tromperaient de couleur ! Le centre est peut-être victime de sa richesse : ni la gauche ni la droite ne comptent autant de chapelles. Entre le blanc et le noir, il n’y a pas que le gris, mais tout un arc-en-ciel.

Et si c’était un acte manqué ? Sous des couleurs trompeuses, on aurait assisté, jeudi, à l’expression d’un conflit inconscient entre un jugement intérieur et un désir refoulé. ‘Tout acte manqué est un discours réussi’, affirmait Jacques Lacan. Le sénateur Giraud, 74 ans aux fraises, a brillamment réussi à défendre la retraite anticipée.’