‘Le Royaume-Uni s’est donné un nouveau poète-lauréat, chargé de célébrer pendant dix ans les grands événements du pays. La fonction existe depuis trois siècles et demi, mais, pour la première fois, c’est une femme, Carol Ann Duffy, qui occupera le poste. On lui souhaite plus d’inspiration que son prédécesseur, Andrew Motion : victime, depuis sa nomination, du syndrome de la feuille blanche, ce troubadour officiel avait un mal fou à versifier.
La France n’a pas besoin d’une telle institution. Ses partis, même les plus petits, sont riches de courants poétiques (lyrisme, romantisme, surréalisme…). Quant à ses chefs politiques, ils sont tous littérateurs. Regardez le nombre de leurs ouvrages en librairie ! Aucun problème de page blanche : ils pissent de la copie sans retenue.
Entre deux publications en prose, ces rimailleurs tricotent des petites phrases assassines. Du haïku. Il ne s’agit pas de célébrer le Grand Paris, la Rupture ou la Reprise, mais l’élection présidentielle de 2012. C’est une poésie très lyrique, nettement tournée vers le ‘moi’. Que voulez-vous, l’un des très rares mots de la langue française qui ne rime avec aucun autre (rime orpheline) est le mot ‘humble’.’