‘Que se passe-t-il en Egypte ? Il est curieux que personne n’ait songé à interviewer le plus vieux sage égyptien, ce colosse à tête humaine et corps de lion qui veille sur les pyramides depuis 4 500 ans. Pierre Loti, lui, avait pris la peine de l’interroger au tournant de l’autre siècle : ‘Je me souviens d’être allé, une nuit d’hiver, demander audience sous la pleine lune, au Grand Sphinx d’Egypte…’
En cet hiver 2011, que lui dirait cette mémoire de pierre qui a vu se dérouler toute l’histoire du monde ? Elle lui rappellerait d’où l’on vient : un pharaon était beaucoup plus qu’un souverain de droit divin ; à la fois homme et dieu, propriétaire de la Terre entière, il devait maintenir l’ordre cosmique. Une vacance du pouvoir était inconcevable. Sans lui, on ne pouvait savoir si le soleil se lèverait ou se coucherait. Autant dire que le couvre-feu n’est pas une invention récente…
Mais, aujourd’hui, dans un pays accablé par la hausse des prix et le chômage, ayant pris la parole et ne voulant plus la lâcher, le mot ‘pharaon’ s’écrit au pluriel. Depuis quelque temps déjà, les seules figures que l’Egypte adule appartiennent à l’équipe nationale de football : les Pharaons.’