‘Les boucliers sont à la mode. Nous connaissions, bien sûr, ceux de nos CRS, francs et transparents. En voici de plus sophistiqués. C’est ‘un bouclier antimissile’ que les Etats-Unis envisagent d’installer en Pologne et en République tchèque ; ‘un bouclier fiscal’ qui permettra aux Français fortunés de ne pas verser au fisc plus de la moitié de leurs revenus ; ‘un bouclier sanitaire’ que propose Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, pour qu’un malade modeste ne se ruine pas en frais médicaux.
L’heure n’est plus aux grandes conquêtes, militaires ou sociales. Les riches comme les pauvres vivent sur la défensive. Mille épées de Damoclès semblent tournoyer au-dessus de nos têtes. Il faut se prémunir contre la pollution, la canicule, le chômage, la délinquance, l’immigration… Ecarter les dangers, diminuer les risques, et même les supprimer.
Nos dirigeants sont sommés d’agir, pour nous assurer une protection maximale. Ils s’en gardent bien, sachant que toute réforme un peu audacieuse, dans n’importe quel domaine, provoque aussitôt une levée de boucliers.’