‘Messieurs les commanditaires,
Comme vous avez pu le constater, mon contrat a été rempli scrupuleusement. J´ai visé Benazir Bhutto à la tête, avant de déclencher ma ceinture d´explosifs. Ainsi, au lieu de retourner l´arme contre moi, j´ai fait, selon votre souhait, le maximum de morts et de blessés.
Mais c´est ensuite que les choses se sont gâtées. Vous m´aviez promis monts et merveilles dans l´au-delà, toutes les félicités. Arrivé à la porte du paradis, j´ai fait valoir mon statut de martyr. Figurez-vous qu´on m´a traité d´assassin ! Et, qui plus est, d´imbécile ! ‘Comment avez-vous pu croire à de telles balivernes ?’, s´est exclamé avec fureur l´un des anges présents. Il paraît que le Très-Haut n´a jamais ordonné à quiconque de commettre un bain de sang. Messieurs les commanditaires, il n´est question ici que d´amour, de respect et de compassion. M´auriez-vous par hasard poussé au carnage et au suicide par simple cynisme politique ? Ou seriez-vous réellement des imbéciles, vous aussi ? ‘Des assassins, des cyniques, des imbéciles et des lâches’, comme l´ange l´a dit?’