‘À peine Aimé Césaire avait-il rendu son dernier soupir que des voix s´élevaient à Paris pour réclamer son transfert au Panthéon. Le grand poète de la négritude n´y a-t-il pas sa place, aux côtés de Dumas, Malraux et quelques autres ? Des Martiniquais protestent : pas question de laisser partir ‘Papa Césaire’.
On aimerait bien connaître l´avis de l´intéressé. Aurait-il voulu être panthéonisé ? Le veut-il ? Qu´il réponde, s´il nous entend.
‘Aux grands hommes, la patrie reconnaissante.’ Certes. Mais pourquoi vouloir à tout prix les réunir ? La patrie ne gagnerait-elle pas plutôt à les disperser, laissant à chacun sa singularité ?
Le Panthéon n´a qu´un seul avantage : sa situation, en plein Quartier latin. Pour le reste, c´est un monument prétentieux, aux colonnes glaciales, un dédale sombre et humide, où François Mitterrand avait failli se perdre en mai 1981.
Ce n´est peut-être pas le moment de parler de moi, mais je le dis clairement. Qu´il n´y ait aucun doute sur mes souhaits : entre le Panthéon et l´île aux Fleurs, je choisis sans hésiter le soleil de la Martinique.’