‘Les médecins suisses écrivent comme des cochons. Leurs ordonnances obligent les pharmaciens, armés de grandes lunettes, à se lancer dans des opérations de déchiffrage dignes de Champollion. Ces hiéroglyphes entraînent des erreurs lourdes de conséquences, que l’hebdomadaire Sonntag vient d’évaluer à 7 millions d’euros par an.
Soyons justes, la médecine des alpages n’a pas le monopole de l’illisibilité. En France aussi, on se demande s’il ne faut pas imposer des exercices de calligraphie aux disciples d’Hippocrate. Apprendre à mouler ses lettres est aussi important que de savoir écouter son stéthoscope. Seule l’informatique pourrait nous offrir le salut, avec la multiplication des ordonnances électroniques.
A vrai dire, les gribouillis n’épargnent aucune institution. Jean-Pierre Raffarin reproche à la réforme des collectivités territoriales de ’manquer de lisibilité’. Le gouvernement demande à la SNCF ’d’améliorer la lisibilité de ses tarifs’… Sans compter les autocritiques, faites à gauche comme à droite : un fiasco est naturellement imputé à la manière dont une initiative a été présentée, à son ’manque de lisibilité ’, jamais à son contenu.
Au diable la calligraphie ! On préférerait qu’ils écrivent mal, mais juste.’