Monday, 04 de November de 2024 ISSN 1519-7670 - Ano 24 - nº 1312

Robert Solé

‘C’est un mystère numérique qui se répète à chaque journée de mobilisation sociale. Le summum a été atteint jeudi à Marseille : les manifestants étaient 22 000 selon la police et… 220 000 selon les syndicats. Le système de comptage est pourtant le même de part et d’autre (par rangs et par temps de défilement). Ne sont recensés, en principe, ni les badauds sur les trottoirs, ni les bébés en bas âge, ni les manifestants zélés qui repassent plusieurs fois devant le compteur.

Aucun moyen technique (caméras, cellules photoélectriques, laser par hélicoptère…) ne parviendra à résoudre ce problème. La France est fâchée avec les chiffres : elle sait tout juste compter ses fromages. C’est une nation littéraire, où la rhétorique l’emporte sur l’arithmétique.

Décrivons les manifestants au lieu de nous acharner à les compter. Y en a-t-il un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ? La foule est-elle maigre, squelettique, clairsemée ? S’agit-il d’une multitude, d’une marée humaine, d’un déluge ? La qualité a d’ailleurs plus d’importance que la quantité. Nous apprendrons que les manifestants étaient moroses et pessimistes selon la police, enthousiastes et déterminés selon les organisateurs.’